Le dévoilement : un chemin complexe et progressif
Parler d’une agression sexuelle est rarement simple. La recherche démontre que le dévoilement est un processus complexe, non linéaire et souvent fragmenté, qui peut s’étendre sur plusieurs années, voire des décennies (Alaggia, 2004; Easton, 2013).
Pour certaines personnes, mettre des mots peut apporter un certain soulagement ou une impression de libération (Hunter, 2011). Pour d’autres, le dévoilement réactive au contraire des émotions difficiles : peur de ne pas être crues (Ullman, 2003), culpabilité, honte (Feiring & Taska, 2005) ou crainte de conflits familiaux (Alaggia, 2010).
Pourquoi certains enfants ne parlent pas?
De nombreuses études montrent que les enfants gardent souvent le silence pour des raisons très variées :
Manque de connaissance : certains enfants ne savent pas que ce qu’ils vivent constitue un abus sexuel, surtout quand l’agresseur est une personne de confiance qui présente les gestes comme « normaux » ou « un jeu » (Jonzon & Lindblad, 2004).
Sentiment de culpabilité ou de honte : les victimes peuvent se sentir responsables ou avoir l’impression d’avoir « consenti » parce qu’elles n’ont pas dit non (Feiring & Taska, 2005).
Peur des conséquences : crainte de briser la famille, d’être punis ou de subir encore plus de violence (Alaggia, 2010).
Loyauté envers la personne qui a posé les gestes d’abus sexuels : lorsque l’agresseur est un parent, un proche ou une figure d’autorité, l’enfant peut rester silencieux par attachement, loyauté ou peur de perdre la relation (Easton, 2013).
Manque de mots : les plus jeunes n’ont pas toujours le vocabulaire ou la maturité cognitive pour décrire ce qu’ils vivent, ce qui rend le dévoilement difficile ou incomplet (Hunter, 2011).
Appréhension ou expériences négatives de dévoilement : lorsqu’un premier dévoilement est accueilli par du doute, du silence ou du rejet, l’enfant peut choisir de ne plus jamais en parler (Ullman, 2007).
Un processus graduel
Le dévoilement n’est donc pas un seul moment libérateur, mais bien un cheminement, où l’enfant ou l’adulte victime fait des essais progressifs, parfois en parlant partiellement, parfois en se taisant de nouveau (Alaggia, 2004). Chaque pas demande beaucoup de courage et nécessite un climat de sécurité, de respect et d’écoute bienveillante.
En résumé
Le dévoilement est à la fois un acte de survie et de courage. Reconnaître la complexité de ce chemin, comprendre les raisons du silence, et offrir un accueil bienveillant envers la personne qui s’ouvre, ce qui est essentiel pour soutenir la personne qui a vécu un abus sexuel et leur permettre d’avancer à leur rythme.
Chaque pas compte, et chaque dévoilement mérite écoute, respect et soutien
Pour en apprendre davantage, consultez le document suivant et/ou visionnez notre vidéo disponible sur nos réseaux sociaux:
Référence pour élaboration du vidéo: https://www.inspq.qc.ca/violence-sexuelle/devoilement
Références
Alaggia, R. (2004). Many ways of telling: Expanding conceptualizations of child sexual abuse disclosure. Child Abuse & Neglect, 28(11), 1213-1227.
Alaggia, R. (2010). An ecological analysis of child sexual abuse disclosure. Child Abuse & Neglect, 34(10), 635-645.
Easton, S. D. (2013). Disclosure of child sexual abuse among adult male survivors. Clinical Social Work Journal, 41(4), 344-355.
Feiring, C., & Taska, L. (2005). The persistence of shame following sexual abuse: A longitudinal look at risk and recovery. Child Maltreatment, 10(4), 337-349.
Hunter, S. V. (2011). Disclosure of child sexual abuse as a life‐long process. Journal of Child Sexual Abuse, 20(2), 141-156.
Jonzon, E., & Lindblad, F. (2004). Disclosure, reactions, and social support: Findings from a sample of adult victims of child sexual abuse. Child Maltreatment, 9(2), 190-200.
Ullman, S. E. (2003). Social reactions to child sexual abuse disclosures: A critical review. Journal of Child Sexual Abuse, 12(1), 89-121.
Ullman, S. E. (2007). Relationship to perpetrator, disclosure, social reactions, and PTSD symptoms in child sexual abuse survivors. Journal of Child Sexual Abuse, 16(1), 19-36.