Les abus sexuels au masculin : déconstruire les mythes pour mieux agir
En 2025, il demeure encore difficile pour plusieurs de reconnaître que les abus sexuels peuvent aussi toucher les garçons. Pourquoi? Parce que de nombreux mythes, préjugés et fausses croyances persistent dans nos sociétés. Ces représentations erronées empêchent souvent les victimes de se reconnaître comme telles, retardent les demandes d’aide et contribuent à leur isolement.
❌ « Les garçons ne peuvent pas être victimes d’abus sexuels. »
✅ Pourtant, la recherche démontre qu’environ un homme sur six a subi un abus sexuel avant l’âge de 18 ans (Pereda et coll., 2009). Le silence entourant cette réalité accentue l’illusion de rareté.
❌ « Si son corps réagit, c’est qu’il a consenti. »
✅ Les réactions physiologiques (érection, éjaculation, orgasme) sont des réflexes biologiques. Elles ne prouvent en rien l’existence d’un consentement. Les personnes qui posent des gestes d’abus sexuels utilisent parfois cette confusion pour faire douter la victime (Finkelhor & Browne, 1985).
❌ « Être abusé par un homme signifie être homosexuel. »
✅ L’abus sexuel n’a aucun lien avec l’orientation sexuelle de la victime. Il s’agit d’un acte de violence et non d’une relation amoureuse et consentante (Easton, 2014).
❌ « Si la personne qui pose des gestes de violence sexuelle est une femme plus âgée, ce n’est pas un abus sexuel, c’est une initiation. »
✅ Une relation sans consentement demeure de la violence sexuelle, peu importe l’âge ou le sexe de la personne qui a posé ces gestes (Sorsoli, Kia-Keating & Grossman, 2008).
❌ « Les garçons devraient se sentir chanceux d’avoir eu une expérience sexuelle. »
✅ Ce discours banalise la violence sexuelle et perpétue l’idée qu’un garçon doit toujours désirer de la sexualité. Il empêche une véritable reconnaissance de la souffrance vécue et contribue à une fausse idée de la masculinité (Easton, Saltzman & Willis, 2014)
❌ « Les abus sexuels masculins sont rares. »
✅ Ils sont surtout peu révélés. La honte, la peur de ne pas être crus et la crainte d’être stigmatisés expliquent ce silence. Les données officielles sous-estiment donc largement la réalité (Holmes & Slap, 1998).
❌ « Les garçons victimes deviennent forcément des agresseurs. »
✅ La majorité des personnes qui ont vécu des abus sexuels ne reproduiront pas des gestes de violence sexuelle. Les études montrent que ce lien automatique est un mythe qui contribue à stigmatiser les victimes au lieu de les soutenir (Seto & Lalumière, 2010).
Ces mythes continuent d’alimenter le silence et la stigmatisation. Pour changer les choses, il faut oser en parler, les mettre en lumière et surtout les déconstruire collectivement. C’est en brisant ces fausses croyances que nous pourrons mieux reconnaître la réalité des abus sexuels vécus par les garçons et les hommes, et offrir un soutien adapté à ceux qui en ont besoin.
Brisons les mythes et soutenons les garçons et les hommes qui ont vécu de la violence sexuelle.
Références :
- Pereda, N., Guilera, G., Forns, M., & Gómez-Benito, J. (2009). The prevalence of child sexual abuse in community and student samples: A meta-analysis. Clinical Psychology Review, 29(4), 328-338.
- Holmes, W. C., & Slap, G. B. (1998). Sexual abuse of boys: Definition, prevalence, correlates, sequelae, and management. JAMA, 280(21), 1855–1862.
- Finkelhor, D., & Browne, A. (1985). The traumatic impact of child sexual abuse: A conceptualization. American Journal of Orthopsychiatry, 55(4), 530–541.
- Sorsoli, L., Kia-Keating, M., & Grossman, F. K. (2008). “I keep that hush-hush”: Male survivors of sexual abuse and the challenges of disclosure. Journal of Counseling Psychology, 55(3), 333–345.
- Easton, S. D. (2014). Disclosure of child sexual abuse among adult male survivors. Clinical Social Work Journal, 42(5), 455–466.
- Easton, S. D., Saltzman, L. Y., & Willis, D. G. (2014). Barriers to disclosure of child sexual abuse for men. Psychology of Men & Masculinity, 15(4), 460–469.
- Seto, M. C., & Lalumière, M. L. (2010). What is so special about male adolescent sexual offending? A review and test of explanations through meta-analysis. Psychological Bulletin, 136(4), 526–575.